Roger Farde : Platanes de la place à Blandy les Tours

Au château médiéval de Blandy, l'un des plus beaux de Seine et marne, l'artiste, à l'ombre des tours, a préféré la place du village et ses vieux platanes qui nous rappellent l'histoire de " l'arbre maudit ". En ce temps là, le comte Dunois, seigneur des lieux, avait dû quitter son château laissé aux mains de son intendant Gavi. Or ce misérable confondait les biens de son maître et les siens, se livrait à l'usure, pendait serfs et vilains pour un oui ou un non et terrorisait la contrée. Il se promenait souvent, avec la seule compagnie d'un dogue féroce, jusqu'à " l'arbre maudit ", un vieux chêne creux où, jadis, un baron de Blandy, Ursion 1er avait assassiné en 1070 son propre frère. Depuis, certains soirs, le fantôme du baron, couvert d'un suaire ensanglanté, brandissant un poignard dans ses doigts décharnés, poursuivait le spectre de sa victime qui criait grâce. Un jour Gavi disparut. Longtemps après, Dunois revint à Blandy, fâché de n'y retrouver ni son intendant, ni sa cassette qui renfermait des joyaux de grande valeur. L'arbre maudit conservait sa mauvaise réputation d'autant plus qu'un berger affirmait l'avoir entendu gémir le lendemain de la disparition de Gavi. Fatigué par ces sornettes, le comte décida d'abattre le vieux chêne creux, mais aucun bûcheron, aucun serf ne voulut accomplir cette tâche. Seul, un vieux soldat, homme de courage et de résolution, accepta d'exécuter l'ordre de son seigneur. Après quelques coups de cognée, la cavité de l'arbre s'agrandit et l'on put apercevoir les débris d'un squelette et une cassette de bois de cèdre portant les armes du comte Dunois. L'intendant infidèle avait voulu cacher le produit de ses larcins dans l'arbre creux et y était resté prisonnier. Le berger n'avait pas menti. Le misérable avait expié ses vilenies de bien atroce façon.